24 juin 2016

Regarder la réalité en face. Un échec majeur



Platier, 24 juin.
 Le vote des Britanniques après une campagne qui n’a pas fait honneur à la démocratie est un échec majeur pour tous ceux qui considèrent la construction européenne comme le projet géopolitique le plus significatif après l’ère sinistre des guerres mondiales. Chacun devrait s’interroger sur sa part de responsabilité. La principale est celle de gouvernements qui n’ont pas pris la mesure des souffrances infligées aux catégories populaires par une mondialisation non régulée. Aussitôt après doit être dénoncé le défaut d’explication, le refus d’écrire un récit européen, le défaitisme dans la bataille des idées, une sorte de matérialisme se voulant pragmatique mais incapable de répondre aux aspirations de la jeunesse. On a laissé sans réagir s’imposer l’idée suivant laquelle l’UE souffrirait d’un déficit démocratique sans expliquer que plus de démocratie, c’est-à-dire plus de décisions à la majorité, signifierait moins de souveraineté.
Que faire maintenant ? On aimerait se persuader, avec Michel Rocard, que le départ des Anglais élimine le frein qui entrave l’Europe depuis près d’un demi-siècle et qu’une relance serait possible sur une base éventuellement plus restreinte. Outre le fait que toute l’énergie des gouvernements sera dédiée à la difficile négociation de retrait d’un Royaume désuni, on ne voit pas la France se résigner à de vraies réformes ni l’Allemagne accepter un budget fédéral de relance. On imagine enfin le désastre que serait un projet d’Europe politique excluant les pays d’Europe centrale alors que leur démocratisation et leur intégration étaient, jusqu’à une date récente, le plus grand succès politique dont pouvait se prévaloir l’Europe.

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