20 juin 2014

La question des compétences




               Paris, 20 juin

L’opinion s’est répandue, y compris dans les milieux europhiles, qu’il convenait de limiter les intrusions de l’Europe dans de trop nombreux domaines. Il est vrai que les administrations nationales, notamment la nôtre, font une interprétation excessive des directives européennes, comme on l’a vu à propos de la hauteur des échelles pour la cueillette des fruits. Le Premier ministre anglais Cameron prend appui sur ce courant d’opinion pour demander un rapatriement de nombreuses compétences. Tel qu’il est conduit dans le climat d’euroscepticisme qui domine aujourd’hui, ce débat occulte la nécessité inverse d’une intervention accrue de l’UE dans les multiples domaines où, faute de mécanismes de décision appropriés, elle est incapable de répondre aux exigences de l’intérêt général ou aux attentes des citoyens. Trois exemples : l’énergie, l’immigration, la fiscalité. Qu’attend l’UE pour créer une centrale d’achat de gaz que proposent les Polonais ? Doit-on laisser l’Italie seule face aux vagues de réfugiés promis à la noyade en Méditerranée ? Combien de temps devrons-nous supporter le dumping fiscal de pays qui, comme l’Irlande ont bénéficié de la solidarité européenne ?   Dans bien des domaines, le rapatriement des compétences au niveau national aurait pour effet d’éliminer toute une architecture de protection des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement qui sont parfois irritantes mais qui fondent la qualité de vie de notre continent.

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