Platier,
30 juin.
La
désignation à la majorité de Jean-Claude Juncker comme président de la
Commission marque une étape inattendue en direction d’une Europe plus politique
et plus démocratique. Inattendue car je n’osais espérer que vingt-six chefs de
gouvernement eussent assez de détermination pour imposer une nomination vigoureusement
contestée par David Cameron. Faut-il que les Anglais aient lassé leurs
partenaires par leur obstruction systématique et la caricature que leurs
politiciens et leurs journalistes donnent d’une Union qu’ils ne comprennent pas
et dont ils ne partagent pas les finalités. Il existe toutefois une chance
d’accord sur un programme qui viserait à donner une priorité aux affaires
importantes au détriment de règlementations tatillonnes inspirées par le
principe de précaution. Cameron pourrait s’en attribuer le mérite et justifier
ainsi un vote positif au référendum annoncé.
En
désignant Juncker, les gouvernements ont annoncé leur intention de revoir la
procédure de désignation du Président de la Commission. Il serait bon que le
Mouvement européen engage un grand débat sur ce thème afin que soient pesés les
mérites de l’élection par le Parlement ou de l’élection populaire directe,
naguère proposée par la CDU allemande et qui pourrait être précédée de
primaires. Transparence et clarté devraient caractériser la formule retenue. Il
s’agit de rien moins que de jeter les bases d’un peuple européen encore en
devenir.