04 novembre 2011

Une antipédagogie

Platier, 4 novembre. Ce qui me parait le plus grave dans la tragicomédie à laquelle nous assistons depuis une semaine n’est pas le risque d’éclatement de la zone euro auquel je n’ai jamais cru mais l’encouragement que les commentateurs ne cessent de donner aux tendances naturelles des peuples à attribuer aux autres la cause de leurs malheurs. Les Allemands enragent de devoir payer pour les Grecs mais ignorent qu’ils sont de loin les principaux bénéficiaires du marché unique. Leur retard à décider a aggravé la crise. Les Grecs se plaignent de l’austérité mais refusent de s’attaquer à leurs secteurs privilégiés (Armée, Eglise, armateurs) au demeurant peu mis en cause par les gouvernements européens. Les Français se refusent à rétablir leur propre équilibre budgétaire et croient pouvoir s’abriter sous le parapluie allemand. Tous ont fermé les yeux sur le comportement aberrant des Grecs de peur de devoir eux-mêmes justifier leurs errements. Les petits s’irritent de subir un directoire germano-français de plus en plus arrogant. L’opinion française s’irrite du poids excessif des nouveaux Etats membres dont elle n’a jamais approuvé l’adhésion. Ne parlons pas des Anglais qui détestent par principe tout ce qui vient de Bruxelles. Tout cela ne sera corrigé que le jour où on en reviendra à la bonne vieille méthode communautaire qui assure le meilleur équilibre possible et si l’on se décide à compléter les mesures nécessaires d’assainissement par des politiques de croissance, ce qui veut dire, en clair, moins de consommation et plus d’investissements.

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