19 juillet 2010

Rappel d'une occasion manquée

Platier, 19 juillet. Le massacre de 8000 Bosniaques musulmans par les troupes du général serbe Mladic sous les yeux de casques bleus néerlandais impuissants, dont on vient de célébrer le 15ème anniversaire, a été le point d’orgue de la série d’atrocités qui ont accompagné l’éclatement de la Yougoslavie. Tout avait commencé en 1991 avec le siège de la ville croate de Vukovar qui s’acheva par un massacre de moindre ampleur mais de même nature. Au même moment, les gouvernements de la Communauté négociaient ce qui allait devenir le traité de Maastricht dont l’un des objets était de jeter les bases d’une politique étrangère commune. Français et Britanniques penchaient pour les Serbes en fonction de souvenirs remontant à 1914, du moins les dirigeants, car les opinions étaient révoltées par les violences des Serbes. Les Allemands étaient sensibles aux malheurs de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, anciennes provinces de l’empire des Habsbourg, ce qui les conduisit à reconnaître unilatéralement l’indépendance des deux victimes. Voilà comment, en dépit des invites de Washington considérant qu’il appartenait à l’Europe de mettre de l’ordre dans son arrière-cour, une occasion a été manquée de fonder dans la réalité cette union politique demeurée à l’état de vœu pieux. Une intervention militaire, dès 1991, aurait coûté des vies humaines mais en aurait épargné infiniment plus. Bénéficiant d’un large soutien de l’opinion, elle aurait montré aux peuples à quoi pouvait servir l’Europe. Espérons que l’Union d’aujourd’hui ne sera pas confrontée à semblable test par le réveil inquiétant des nationalismes. Serait-elle, mieux qu’en 1991, capable de le relever ?

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