15 juin 2008

Le non dfes Irlandais ne doit pas être pris à la légère

Platier, 15 juin. L’histoire de la construction européenne est ponctuée de succès mais aussi d’échecs, celui de la Communauté de Défense en 1954, du plan Fouchet en 1962, du traité constitutionnel en 2005. Les échecs ont été surmontés mais toujours au prix d’un retard dans l’intégration et d’un amoindrissement des ambitions. Le rejet du traité de Lisbonne par le peuple irlandais, en dépit des avantages dont l’Irlande a bénéficié et malgré les prises de position quasi-unanimes des cadres du pays, ne doit pas être pris à la légère. Il revêt selon moi une gravité exceptionnelle et ceci pour deux raisons. Tout d’abord, les chances de sauver le traité sont faibles quoiqu’en disent les dirigeants français et allemands. Les eurosceptiques britanniques et tchèques, en tête desquels le président Klaus proclament déjà la mort du traité et demandent l’arrêt du processus de ratification. En second lieu, le vote des Irlandais, après celui des Français et des Néerlandais démontre le lamentable échec des élites politiques, sociales, économiques, intellectuelles, spirituelles de la plupart de nos pays à faire percevoir aux citoyennes et citoyens ordinaires, aux jeunes en particulier, la véritable dimension de l’entreprise européenne. On ne tombe pas amoureux d’un marché disait Jacques Delors. Non l’Europe n’est pas qu’un marché. C’est le seul grand dessein à notre portée, un moyen inespéré d’échapper au déclin que nous promet notre affaiblissement démographique dans un monde de colosses émergents, une recette pour défendre ensemble nos intérêts plutôt que nous affaiblir dans ces conflits sans fin qui ont jalonné notre Histoire, une entreprise sans précédent de construction d’une nation de nations modèle de réconciliation que tant de régions du monde nous envient sans se montrer capables de le reproduire et qui s'imposera à l'échelle mondiale pour faire face aux défis planétaires.
Certains rêvent d’une Europe des projets qui se substituerait à celle des institutions, comme si les projets pouvaient se passer d’un cadre institutionnel légitime et efficace. D’autres rêvent d’une avant-garde fédérale dont s’excluraient les sceptiques. Mais où est la volonté politique extrêmement forte sans laquelle un tel projet ne pourrait surmonter les oppositions de tous ceux qui refusent une Europe forte et plus encore si elle devait s’organiser sans eux. Au-delà de la recherche nécessaire d’une sortie de cette nouvelle crise, l’essentiel pour nos dirigeants est de parvenir à faire « aimer l’Europe ». C’est ce qui explique le titre donné à mon dernier livre. Il reste hélas plus actuel que jamais !

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