11 avril 2007

Les non dits de la campagne

Platier 11 avril 07

A peine installé le nouveau président devra affronter la réalité, celle d’une Europe que l’échec du traité constitutionnel conduit tout droit à ce grand espace d’échanges sans ambition politique que redoutent les Français sans avoir cessé de le favoriser. Un redressement est encore possible mais il suppose que le nouveau chef de l’Etat ait le courage de dire aux Français les vérités désagréables qui leur ont été dissimulées pendant la campagne.

En premier lieu que nos difficultés ne proviennent ni de l’euro fort, ni de la politique commerciale, ainsi qu’en témoigne la prospérité de nos voisins allemands mais aussi, espagnols, finlandais et irlandais tous membres de la zone euro.

Nos structures territoriales cancérisées par un invraisemblable et coûteux empilement de structures, notre fonction publique pléthorique au niveau des administrations centrales, des villes et des départements et de surcroît paralysée par ses statuts, notre appareil éducatif incapable d’apprendre à lire et à écrire à un cinquième d’une classe d’âge et laissant près de 200 000 jeunes sans formation et sans orientation, nos universités paupérisées et dépourvues d’une autonomie qui leur fait peur, nos services d’emploi et d’indemnisation du chômage absurdement séparés et incapables d’orienter les chômeurs vers les secteurs en pénurie de main d’œuvre, la concentration de l’activité sur la génération des 30 – 45 ans qui ne nous permet pas de tirer profit d’une exceptionnelle productivité de l’heure de travail, les contraintes bureaucratiques imposées à nos entreprises, la faiblesse et la faible représentativité de nos syndicats sont les vraies causes de nos difficultés. Ces causes ne nous étaient pas propres. Elles le sont devenues depuis que nos voisins ont accompli les réformes que nous avons différées.

Notre incapacité à nous réformer et nos performances médiocres contribuent autant et plus que notre vote du 29 mai 2005 à réduire notre crédibilité internationale. Nos prétendues aspirations à une Europe forte et protectrice ont été jusqu’à présent contredites par la combinaison de notre attachement au maintien des subsides agricoles même les plus contestables et de notre refus de tout élargissement significatif du budget commun. Nous sommes de ce fait en peine d’obtenir de nos partenaires les politiques volontaristes qui pourraient être conduites au niveau de l’Europe et accompagner utilement un effort de réforme intérieur.

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